El kobbania (2019)
Spectacle chorégraphique signé Rochdi Belgasmi
Percussionnistes Naim Ben Abdallah – Haithem Mehouachi – Belhssen Chriti – Fahmi Mejer , Mezoued : Mohamed Tabbani
Synopsis: Ce spectacle qui trouve sa source dans le monde des « zoufris », des loubards et voyous, et de leurs danses traditionnelles inspirées du folklore des régions. Rochdi Belgasmi nous donne à réfléchir sur la structure des arts populaires tunisiens, grâce à un travail de mémoire sur les danses et les rythmes corporels et musicaux.
Il est inséparable d‘une dimension proprement politique de résistance. Il s‘agit en effet d‘un spectacle dansé, dont l‘interactivité avec le public est destinée à déloger les lieux de la médina, les cafés, les ruelles, en en faisant de nouveaux espaces alternatifs. L‘idée de ce création chorégraphique est d‘aménager dans les espaces publics une nouvelle temporalité en tension, des moments d‘explosion, un nouveau partage du sensible, de nouvelles subjectivités libres et émancipées, dés lors que la rue aujourd’hui est devenue, dans la Tunisie post-révolutionnaire, un véritable espace de résistance. A travers une interrogation qui fait jouer l‘une avec l‘autre parole, musique et gestualité, la ligne chorégraphique de „El Kobbania se fait la mémoire corporelle d‘une danse ouvrière improvisée, très masculine, qui a vu le jour dans les milieux cafés de la ville de Tunis, à la fin de 19ème siècle. Cette danse masculine, dont le potentiel de séduction n‘est plus a établir, a été ensuite reprise par les joueurs de MEZOUED – une sorte de cornemuse tunisienne – pour devenir très populaire, épousant par là-même l‘ambiance des fêtes de mariages, les fiançailles, ou de circoncision. Le RBOUKH est ainsi devenu aujourd‘hui la danse de tous les tunisiens. Dans El Kobbania le chorégraphe formule, en trois moments, le passage d‘un ensemble de mouvements et de gestes de travail quotidien (terrassement, portage, piochage, etc.), à une danse rythmée, une métamorphose corporelle destinée à être partagée avec le public, sans différenciation des genres ou des sexes. C‘est là que peut s‘affirmer justement la dimension subversive et émancipatrice de la danse, dont El Kobbania se veut l‘écho vivant. S‘élever sans ambages contre l’obscurantisme, le salafisme, le fanatisme et le racisme : tel est, surtout, l‘enjeu d‘une véritable danse contemporaine, se voulant frontalement citoyenne.