Zoufri de Rochdi Belgasmi
Zoufri ou « ouvrier » en tunisien est un projet chorégraphique conçu et performé par Rochdi Belgasmi. Crée en 2013, il est repris dans le cadre du Festival dans l’espace Grande Rotonde. Le public, sans espace spécique assigné, se place en demi-cercle autour du danseur, débordant un peu dans le passage juxtaposé et un peu sur l’escalier attenant qui mène aux niveaux supérieurs, à la recherche d’une vue dégagée.
L’artiste commence par une explication : Quelle est l’origine de ce travail autour de la multitude de formes de danse traditionnelles en Tunisie ? Pourquoi choisir de travailler sur la danse comme forme d’adaptation, de mémoire populaire et de résistance ? Comment travailler à la fois sur des danses populaires et sur des scènes
contemporaines ? En trois parties, présentées à la manière d’une recherche académique, l’artiste montre par la parole autant que par le corps, comment les gestes quotidiens des ouvriers se sont transformés en gestes dansés jusqu’à devenir partie intégrante des danses traditionnelles de chaque région. Il montre également comment les accents marqués des pioches deviennent des gestes saccadés des bras qui agitent un foulard et comment la frappe des pieds donne un rythme et un sens à la danse.
Il présente ensuite le Rboukh, danse la plus pratiquée en Tunisie de nos jours par les hommes et les femmes. C’est une danse festive et de partage qui, selon l’artiste, est également une manifestation contre l’obscurantisme, le salafisme, le fanatisme et le racisme, une danse qui est par définition contemporaine. Un collage de danses et de musiques, entrecoupées par l’annonce de chacune des régions d’où elles sont issues compose la n de la performance. L’aspect très physique des mouvements du bassin et la précision des mouvements des pieds se fait ressentir quand la fatigue du danseur devient apparente et quand sa parole est entrecoupée par ses soues, sans pour autant que le rythme ne se perde. À la n de sa conférence dansée, Rochdi Belgasmi invite le public à danser à son tour et à le suivre au rythme de la musique.
Par Helena van Riemsdijk. Publié le 24/04/2017
Festival DO DISTURB 2017 au Palais de Tokyo #1
Helena van Riemsdijk
24-04-2017