J’ai eu la chance de connaître Rochdi Belgasmi d’abord en tant qu’interprète dans le spectacle de la chorégraphe tunisienne Malek Sebai intitulé : « Khira et Rochdi ». Cette performance de Malek Sebai peut être considérée comme un tournant non négligeable dans l’histoire de la danse tunisienne. La chorégraphe avait mis en scène deux générations de danseurs : celle de Khira Oubaildalah, figure emblématique de la danse tunisienne et celle de Rochdi Belgasmi qui représente la nouvelle génération de danseurs tunisiens. J’ai été à l’époque très intéressée, en tant que chercheure en danse, par ce spectacle où mouvement traditionnel et mouvement contemporain se confrontaient pour donner naissance à une nouvelle danse tunisi- enne. La présence scénique de Rochdi, sa complicité avec Khira, sa maîtrise du mouvement de danse tunisienne et sa fluidité m’avaient beaucoup marquée. La deuxième rencontre scénique avec Rochdi Belgasmi fut pour sa performance « Zoufri » lors de son passage à Paris. Rochdi a présenté une performance à multiples supports : danse, interaction avec le public et parole. J’étais très touchée de le voir parler de sa passion pour les danses tunisiennes, de sa fierté d’avoir travaillé avec une figure aussi importantes que celle de Khira Oubaidallah. Sa performance se situe donc dans la suite de ses expériences de travail, d’un côté avec la chorégraphe tunisienne Malek Sebai qui avait commencé une première réflexion autour du devenir des danses tunisiennes et de l’autre côté du dramaturge Hafed Zilit. Rochdi continue donc sa route en développant ces idées sur les danses traditionnelles en Tunisie et leur devenir contemporain. Dans « Zoufri » le public a voyagé à travers les mots, le corps, et les regards de Rochdi dans une Tunisie qu’on connaît peu, celle des Zoufris, voyous ouvriers et prolétaires danseurs.
ZOUFRI de Rochdi Belgasmi
Mariem Guellouz (chercheure en danse)
14-12-2013