« Transe, corps hanté », la danse du prof

Invité de la 6e édition du festival corps é gestes du 21 au 25 octobre 2013, le danseur, chorégraphe et professeur de danse tunisien Rochdi Belgasmi a été la grande attraction. Avec un spectacle de toute beauté. Gestuelle juste. Jeu limpide au front de son corps. Mouvements et rythme qui s’auréolent d’ondulations continues. La mesure de l’expression corporelle est dense, profonde, saillante. Ainsi Rochdi Belgasmi va chercher et cueillir au fond de sa chair fourmillée la transe d’une femme plaintive, l’appel mimé et jouissif de la danse du ventre dans ses lignes pures, langoureuses et toujours sensuelles. Debout ou au sol, le geste parfois éruptif, s’apaise puis reprend vigueur accolé à la saccade de la musique berbère. Le chorégraphe, maitre de son instrument, embarque le public dans «un voyage dans le corps et dans le cri», tel qu’il décrit sa pièce «Trance body hounted» dans la notice de présentation. Un cri -du cœur et du corps- plutôt des soupirs concluent chaque tableau. Au bout d’une trentaine de minutes, la voix de Belgasmi se fait une nouvelle fois entendre. Des halètements decrescendo se diluent sous une douche lumineuse bien discrète. «Ah ! Ah ! Ah !». Derniers soupirs. Fin du troisième tableau et fin du spectacle. Le public est comblé. Le danseur tunisien, professeur de danse l’Institut supérieur d’art dramatique de Tunis (ISAD), quitte la scène sous les ovations du public et de l’ambassadeur de Tunisie a Yaoundé, accompagné de son épouse. «Trance body hunted» de Rochdi apporte la preuve qu’ancrée dans les référentiels et le patrimoine culturels locaux, une œuvre peut être élevée à la dimension de danse de création contemporaine par son esthétique innovante et appréciée sous tous les cieux. Outre son spectacle, Rochdi Belgasmi a animé des ateliers de danse à l’université de Yaoundé et à l’espace culturel Savanah. Il a également présidé le jury des spectacles en compétition pendant le festival Corps é gestes.

Martin Anguissa
30-08-2014