Rochdi Belgasmi, Il Manipule la danse..

Chez nous, pour être connu il faut passer à la télé ! Or, erreur monumentale ! Certains ne passent pas ou rarement à la télé et, pourtant, ce sont eux qui portent haut les couleurs de notre pays. Il en est ainsi pour Rochdi Belgasmi. « Si je n’avais pas été artiste, j’aurai fais la médecine comme mon père aurait voulu » , nous a déclaré Rochdi Belgasmi . Mais qui est-il, pourraient demander les accros de télé que quand il montre sa tété à travers la lucarne de petit écran. Rochdi Belgasmi possède une double, non une triple, casquette :il est marionnettiste, danseur ( chorégraphe) , et assiste à la mise en scène de pièces. Comme tout bon artiste qui se respecte, Rochdi Belgasmi a étudié à l’Institut Supérieur d’Art Dramatique (ISAD).Il possède une licence de théâtre et des arts du spectacle (promotion 2010). Un choix qui l’arrange puisque, depuis son enfance, ce jeune homme est un passionné de marionnettes, et les marionnettes font partie des arts de spectacle D’ailleurs, il y a un peu plus de trois ans, l’ISAD a institué une filière marionnettes. Une chance pour Rochdi Belgasmi, pour que l’art de la marionnette est un art de synthèse. Et le jeune artiste de nous donner une petite leçon sur l’histoire de la marionnette en Tunisie : « A une certaine période, c’était la marionnette qui parlait de politique. A travers le Karakuz, à El Halfaouine, on donnait les nouvelles du Bey et on critiquait sa façon de gérer le pays. On montrait des spectacles ironiques. La marionnette servait aussi pour parler de sujets tabous comme la sexualité, la religion et le social. C’était la seule forme de spectacle forain qui a existé en Tunisie et qui parlait de vécu et de quotidien à l’époque. Rochdi Belgasmi commence donc une carrière de marionnette avec l’une des plus grandes marionnettistes de Tunisie HabibaJendoubi mais également avec d’autres comme Mahmoud El Mejri, Moueddine Ben Abdallah ou encore Hatem Derbel. Cette « coopération » l’a aidé à trouver sa voie les différents arts. Il faut également chercher dans son enfance son amour pour la danse. A dix ans , Rochdi Belgasm prend des cours de danse contemporaine et de classique, comme au centre culturel russe . Plus Tard, il prend des cours avec des grands chorégraphes, comme NawelSkandarani ou encore Hafiz Dhaou, mais également à l’étranger, et notamment en France, à travers des stages. « L’histoire de la danse en Tunisie, nous a déclaré Rochdi Belgasmi, a toujours souffert de marginalisation. En vérité, il n’ya pas de métier de danseur en Tunisie. En plus, on pensait que la danse était incluse dans les domaines de l’animation et qu’elle n’était pas porteuse de messages ! je me suis, donc, trouvé face à un défi : comment choisir une carrière dans un métier qui n’existait pas et qui n’a jamais été considéré comme un métier, et dont les gens pensent qu’il n’est porteur d’aucun message ou d’émotion ? ». La passion pour la marionnette et l’amour de la danse, mais également les voyages, les rencontres avec des gens , parler des langues qu’il ne connait pas, la musique et lire le soir, c’est ce qui forme toute l’âme de Rochdi belgasmi et puis lui permet d’évoluer dans un domaine de vipères et autres êtres malfaisants .Ne dit-on pas « la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe » ? Et comme le jeune artiste ne peut se départir ni de la marionnette ni de la danse, il a décidé d’évoluer dans l’une et l’autre et de l’une à l’autre, tout en associant l’une et l’autre. D’ailleurs, le jeune homme (il n’a que 25 ans) a déclaré que les deux domaines présentaient pour lui une série d’expériences autour du corps humain et de l’objet. La marionnette et la danse sont deux formes différentes mais qui se mélangent. En attendant de trouver la bonne personne pour fonder une famille, il continue son bonhomme de chemin à danser et à manipuler les marionnettes. Il enchaine les spectacles aussi dans un domaine que dans l’autre. D’ailleurs, il a participé à de nombreuses œuvres, parmi lesquelles « Créatures de lumière » avec le Centre National des Arts de Marionnettes à Tunis ( C.N.A.M), « Nouveau matin » avec Web Art « Histoires de marionnettes » avec Domia-Production, « Tawassine » avec Cie Art de deux Rives , etc. Et, entre autres, « Mon corps est mon pays », « Shahrazade » avec le centre culturel russe de Tunisie, « Chattah » avec Haraka Association, etc. Mais Rochdi Belgasmi ne se cantonne pas à des représentations dans des salles puisqu’il a également participé à de nombreuses rencontres internationales chez nous comme le Festival international du théâtre pour enfants comme le festival International du théâtre pour enfants « Néapolis » à Nabeul, Festival International des Arts de la rue à Msaken, l’ouverture de festival International de Carthage 2009 et les journées de danse contemporaine 2011 à Tunis. Et même si les Tunisiens ne le connaissent pas ou peu, ce jeune artiste a une carrière internationale puisqu’il a fait, notamment, le festival d’Avignon 2008 , la Biennale Internationale de la danse universitaire à Grenoble 2009, les célébrations de Doha « Capitale de la culture arabe » 2010, Festival International du théâtre pour enfants à Teza ( Maroc)2011, les voyages de Kadmos autour de la méditerranée 2011, le Festival du théâtre arabe et des jeunes à Alger 2011, La Nuit Curieuse « leylaTounsya » sur la scène nationale de Marne la Vallée( France) etc. Bientôt, Rochdi Belgasmi s’envolera pour la …Palestine, pour la 7e édition du Ramallah Contemporary Dance durant laquelle il dansera le 27 Avril, et poursuit animer, après cela un workshop d’une journée à Bethléem à l’invitation de la troupe de danse traditionnelle, Al harah dance group. Par suite, la danse lui donnera des ailes jusqu’au Maroc, en mai. Antre temps, il aura dansé à Tunis dans « Tawassine » de Hafedh Khalifa, dans « Khira wu Rochdi » de Malek Sebai, et dans «Transe » son spectacle solo. Le jeune artiste sans frontières a proposé ce dernier pour la 7e édition du Festival International des Arts Dramatiques et Plastiques pour l’Union et Paix (FIADPUP) qui se tiendra du 03 au 10 Novembre 2012 à N’Djamena au Tchad, et à la 13e édition du Festival International de Théâtre et des Marionnettes de Ouagadougou/Festival des Arts du Burkina ( FITMO /FAB), qui aura lieu du 22 novembre au 17 décembre sur quatre pays africains à savoir la Burkina Faso , Le Mali, la Niger et le Togo. Et le théâtre dans tout ça ? Le théâtre, il le côtoie comme assistant metteur en scène, puisqu’il est sur la pièce de MoezToumi « Lavage à sec » Alors Rochdi Belgasmi ne mérite-t-il pas d’être connu et reconnu ?

Zouhour Harbaoui
01-04-2012