(…) une deuxième rencontre est celle de Rochdi Belgasmi. Malek Sebai, repère très vite, les talents exceptionnels de ce jeune danseur plein d’ambition. Marionnettiste, formé à la danse contemporaine par Nawel Skandrani, Rochdi Belgasmi ne tarde pas à se faire reconnaitre parmi les interprètes arabes.(…)
(…) La performance de Rochdi Belgasmi expose son corps travaillé, sculpté, où s’entremêlent féminité et masculinité. Il danse jusqu’à l’épuisement, transpire, court dans la salle tel un cheval enragé, casse des chaises, détruit le décors. La voix ancestrale d’Ismail El Hattab, jaillit de nulle part, et Rochdi apparait soudain dans une jupe bleue; il noue l’écharpe blanche (hzam) spécifique des danses tunisiennes, autour de son bassin et nous offre une danse intemporelle qui explose la spatialité. Il part du mouvement twisté tunisien, le répète tout en le différenciant. Le danseur explore tous les possibles de ce mouvement, il le décortique, l’ornemente, lui greffe d’autres gestes, répertoriés ou insolites. Ce mouvement du bassin tellement familier pour le public tunisien, devient d’un coup étranger. Le danseur sourit et transpire, souffrance et plaisir sont inscrits sur son visage. il se contorsionne, se perd; nous égare. Dans sa jupe, qui rappelle les danseurs noirs de Djerba, dans ses coups de pieds qui évoquent la danse des guerriers (Fantazia), dans ses ondulations proposer à la danse des femmes, toutes les limites s’abolissent: femme/homme, adulte/enfant, traditionnel/contemporaine. (…)
Les danses tunisiennes à l’épreuve de la danse contemporaine: le cas Malek Sebai
Mariem Guellouz (chercheure en danse)
01-01-2013