Le travail de Rochdi Belgasmi, c’est sur le fil du rasoir. Avec, pour effet, un paradoxe toujours renouvelé: pur comme une ligne chinoise, on le voit ou d’un coté́, ou de l’autre. L’exhibition de l’intime et du plus communément partagé, la remise en question de la tradition et du contemporain : voilà sans doute l’enjeu le plus profond de la danse de Rochdi Belgasmi. Cela donne déjà̀ une méthode de travail : la « méta-danse », et une forme artistique : le « solo-en-commun ». Lorsque Rochdi Belgasmi trace en 2011, dans son solo Transe : corps hanté, quelque chose comme une « diagonale du fou » entre chants berbères traditionnels et réécriture chorégraphique contemporaine, c’est pour se demander ce qui le fait bouger, et ce qui, en lui, fait bouger les spasmes de la scène. Et lorsqu’il prolonge cette diagonale, deux années plus tard, dans une oblique visiblement déhanchée mais non moins folle avec le « Rboukh » masculin de Zoufri, c’est pour œuvrer davantage dans l’arc tendu de cette contradiction, sans pour autant rester bloqué dans sa petite histoire. Comment parvenir toutefois à dérouler les fils ? Aucune recette. Pour Rochdi Belgasmi, il s’agit toujours d’un long travail de recherche, d’extraction pour prendre le corps à rebrousse-poil. Entre tradition et contemporanéité́, le corps se met constamment en jeu. Et pour cause. Comme dans Wa Idha Aassaytom ( méta-danse), son dernier solo de 2014 qui fait jouer transgression et interdit par la sexuation du jeu chorégraphique, l’enjeu de Ouled Jelaba est d’oser – mais tout autrement. Oser d’élever la danse des « cafés chanta » à la hauteur d’une contemporanéité»
Le travail de Rochdi Belgasmi, c’est sur le fil du rasoir.
Adnen JDEY (Philosophe - Auteur)
12-04-2017