LA DANSE DE ROCHDI BELGASMI EN PLEIN ÉCLAT

Samedi soir 14 décembre, à l‘invitation de la Maison de la Tunisie à Paris, j‘ai assisté au spectacle « Zoufri », (va- gabond, ouvrier, voyou…en langue tunisienne), dansé, parlé par le danseur et chorégraphe, Rochdi Belgasmi. De ce danseur on a beaucoup parlé en 2012 et 2013 : il a partagé la scène et le succès du spectacle Khira-W-Rochdi signé Malek Sebaï au festival Dream City en 2012 (créé en France à la Ferme du Buisson), puis il a, dans la suite, créé son spectacle Transe lequel a rapidement traversé les frontières : Montréal, Europe, Afrique… Récemment il a chorégraphié le spectacle Striptease, ou le festin des rats de Moez M‘Rabet présenté aux JTC 2013. Et maintenant son « Zoufri », le tout en un peu plus d‘un an. « Zoufri », voilà un objet réjouissant. Ni tout à fait spectacle, ni conférence, ni bal, ni danse- tract (comme il y a des ciné-trac), mais tout à la fois. Au départ la volonté du danseur chorégraphe de prendre la parole pour réhabiliter (remettre en scène) une source de la danse populaire pratiquée dans les café chantant, non pas par amour du pas- sé, ou de la tradition, ou pour opposer les genres mais pour révéler les gestes des ouvriers qui osaient changer la dureté de leur travail en danse, en dépense joyeuse, joueuse, « entre hommes ». Tandis que la bourgeoisie trouvait ces danses vulgaires et les méprisaient. Tradition – Modernité. Quelques projecteurs et beaucoup de petites lumières colorées sur des guirlandes fines ten- dues au dessus de nos têtes reliant l‘espace du public avec le carré tracé au sol pour sa danse, plus une sono. Après s‘être adressé au public pour présenter les chapitres de sa démonstration, le danseur dans un beau silence tout en montran, laisse venir la danse sans musique : hommage aux hommes qui n‘avaient pas froid aux yeux en « jouant » le sexe, la drague, le travail, hommes qui piochent, soulèvent, transportent, et dansaient ensemble ou en solo, s‘applaudissaient. Puis il revient à son micro, poursuit sa démonstration, avec le souffle du corps qui vient de danser : danse-parlée pour rendre hommage à la grande dame, un mythe dit-il, Khira Oubeïdallah, danseuse au sein de la Troupe Nati- onale des Arts Populaires (TNAP), on y entend aussi le nom de chrographes tunisiens d‘aujourd‘hui… Dans la troisième partie de sa démonstration, le danseur invite le public à emprunter ses pas. Certains et surtout certaines ce soir là, connaissaient bien le tremblé du bassin et aussi bras levés, pieds lancés sur torsion du bassin, bas-ventre en avant. D‘autres « s‘éclataient » ! La soirée se serait facilement transformée en bal (mot peut-être étranger à la culture tunisienne), ou disons en salle- dansante, s‘il n‘avait été question d‘un spectacle avec sa durée et un point.

Françoise Coupat, metteur en scène
19-12-2013