Le festival international de Hammamet a rendu un hommage à Hédi Habouba, au cours d’un spectacle magistralement dirigé par Samir Agrebi, d’après une scénographie de Chedly Arfaoui avec la collaboration chorégraphique de Rochdi Belgacemi.
Plus de quarante chansons entre extraits, cocktails et medleys, ont balisé la voie à une nouvelle perspective festive du folklore tunisien et sa perception. Un spectacle coloré et inédit constitué de plusieurs musiciens, chanteurs et chorégraphes …. Une scène pleine et surchauffée, où des hommes et des femmes, à l’aide de divers instruments, interprétaient les chants de Habouba. Le spectacle débute par des notes stridentes du Mezoued, avec Ahmed Badis, l’une des figures marquantes de cet instrument, et où le musicien alterne avec brio des airs puisant dans les modes citadins et ruraux, dans les registres du sacré (dhkir, nouba) et du profane, exprimant ainsi la puissance et la particularité des sons de cet instrument populaire. Les musiciens nous ont fait découvrir une autre façon de faire de la musique. Leurs voix et leurs mots ressemblaient parfois à des sons tirés d’instruments plutôt qu’à des sons produits par la parole. Samir Agrebi excelle avec la chanson « Ana Rit Ezzine ». Les chants enivrants de Zohra Lajnef « Ya Nessma Fezzi » et Houda Ben Slimane « Ya Lahmama » viennent s’ajouter aux instruments. La communion est immédiate avec le public. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort. Avec pour arrière fonds un tableau de danse exécuté par Emna. Hédi Agrebi enchaine avec son saxo et au chant la même partition. Le public entre en transe avec les premières sonorités Fezzani lorsque Mouna Talmoudi, qui tout en exécutant un tableau de danse sous l’œil vigilant de Rochdi Belgasmi, interprète une suite de chansons « Nari al zina », « Kif Jitek Nejri », « Esser Wel Kammoun », qui mettront le feu aux gradins. Arbi Guelmami, l’un des monstres sacrés de la chanson populaire a chanté trois morceaux du répertoire Keffois à savoir « Rim el Fayyela » « Tallafti Soghrek » et « Tir El Hamem ». Il clame les ardeurs du public et le fait plonger dans l’univers du chant « Ouroubi » proche du legs de Saliha. La fête continue avec « Wassa » de Tarhouni, « Halloula lay » de Mondher Jelassi , « Dhaa Dlili » d’Imed Bourguiba et « Ya lommima » de Mongi Ben Ammar . Samir Agrebi, toujours égal à lui-même interprète « Okhroj Mel Mayya » et « Fi hobek saber ». Le rythme s’accentuait avec la danseuse Narmine Sfar qui sillonna la scène tout en interprétant deux belles chansons « Ya Babah » et « Hallomou ». Toujours portés par l’énergie et la générosité caractéristiques de cette compagnie, les choristes, les danseurs et les musiciens explorent les multiples possibilités des corps. Avec leurs voix fortes, imposantes et aux étendues immenses, les choristes ont chanté du plus profond de leur être pour un public qui sait apprécier et écouter. Samir Agrebi, Chedly Arfaoui et Rochdi Belgacemi ont concocté un spectacle haut en couleurs et en émotions à faire entendre ce patrimoine riche en mezoued dans ce beau cadre de Hammamet.
Un spectacle haut en couleurs et en émotions
Kamel Bouaouina
15-08-2017